Ci-dessus, Achille Talon, réjoui.
« Eh, oh, tut... lecteur assidu de Canard sauvage... Cesse donc de t'inquiéter ! En vérité, à te morfondre ainsi sans dignité, à cause de la fin dans le monde de la parution du Canard sauvage sur cette éternelle page de noir, de blanc et de vert, où d'éminentes plumes de canard se proposaient de disserter régulièrement de cinéma, de littérature et autres trucs depuis 1916 (page rêche, odorante, à l'ancienne, prête à donner feu), tu te fais berner comme un Suisse par les circonlocutions du langage ! Voici venu le temps où un chanteur reçoit un prix Nobel de littérature, où le cheddar est considéré comme un fromage et où un feuilleton n'a plus besoin de feuille pour a-paraître. Hop. Mais imagine donc, lecteur analphabète, comment s'annonce ton avenir si tu cesses derechef de t'informer des plus brûlantes actualités sur le cinéma, la littérature et autres trucs ! L'ignorance et la mer de tous les vices s'offriront à toi comme un Styx où tu ne manqueras pas de t'oublier dans les limbes nimbées de tristesse où échouera ton âme flétrie. Tu devrais être envahi d'ire d'avoir erré ainsi, en laissant le désespoir caresser dans le sens du poil ce poil que tu as dans ta main (métaphoriquement). Debout, sinistre manopilestre !, enfin, assis, puisque c'est souvent plus pratique pour lire, m'enfin qu'importe, suis-donc désormais assidument (mais assis ou non, peu im-porte !) cette bonne, brute et tonitruante lecture, car c'est de celle-ci que j'ai tiré mes connaissances les plus précieuses sur le temps de cuisson des endives au piment d'Espelette comme sur le méridien qu'il faut suivre pour passer le plus rapidement du Pôle Sud au Pôle Nord à pied ou en side-car. »